Il fait si beau ce matin que je décide de prendre mon café sur la terrasse. Je sors la table qui normalement ne sert qu’en été, une chaise, un coussin.
Et puis je me dis que je jetterais bien un coup d’œil à ce texte que j’avais commencé à écrire pendant le premier confinement. Il y a deux ans quasiment jour pour jour. J’écrivais à la même table, sur cette même terrasse, un peu chaque matin. Discipline de fer face à des événements angoissants, un virus dont on ne savait rien mais à cause duquel la mort planait au-dessus de nos têtes.
J’ouvre le document, et je commence à relire.
Pas mal.
Ah oui, c’est vrai, j’avais eu cette idée. Ah oui, cette phrase, je me rappelle, je l’avais trouvée à tel moment.
J’ai des images qui reviennent, des sensations, notamment celle d’une grande liberté. Je n’avais que ça à faire, écrire. Cette sensation se réactualise en moi: et si je m’y remettais?
J’ouvre un autre document, consacré à l’histoire du personnage principal. Qu’est-ce qui cloche? Il y a un truc qui me retient d’écrire, qui m’empêche, depuis le départ, et je ne sais pas ce que c’est. Et puis je trouve. C’est un détail que je dois changer. J’enlève, je cherche à remplacer. Une autre idée me vient. Ah oui, ça serait mieux. Est-ce que je serais plus à l’aise si ce personnage exerçait plutôt ce métier-là ? OK. Comment se seraient-ils rencontrés, alors? Ah voilà, comme ça. Cette idée simplifie tout. Tout est logique, moins complexe. Je commence à dérouler l’histoire, tout est logique. Je n’avais jamais pensé la fin, je ne savais pas où j’allais, où je voulais emmener les personnages. Et là, si j’essaie? L’histoire continue de se dérouler sous mes yeux. Je tape. J’ai la fin. Incroyable.
Demain, je continue.